New Mutants Special

Reprise de l'article Fb : New Mutant Summer Special
Un Inédit d’une série pourtant publiée quasi en intégrale en Français.
Nous sommes au milieu de l’été 1990, les New Mutants sont menés par Rob Liefeld et Louise Simonson, quand sort ce numéro Special été, inédit (à ma connaissance) en Français.

The New Mutants Summer Special #1, A Mutant in Megalopolis, écrit par Ann Nocenti, et dessiné par Bret Blevins (qui vient de terminer un run de plus de 2 ans sur le titre, avec Louise Simonson).
L’histoire commence par nous parler des dérives de l’information.. l’information déformée par la caméra afin de ne servir au spectateur que le spectacle , sans jamais approfondir un sujet ni s’appesantir sur un débat, « Pourquoi la tornade n’a détruit qu’un coté de la rue ? »
La télévision comme moyen de forger l’opinion du public, la télé comme moyen d’élire ou de démettre un président, lancer une nouvelle tendance, et mettre fin à une autre, démarrer une guerre et la stopper, appeler aux dons afin de continuer de piller un pays du tiers monde ..des images violentes, sans suite, mais qui sont la pour choquer, marquer les esprits... sans jamais utiliser le mot politique dans ses images…



Voici les mots sur lesquels démarre cette histoire des nouveaux mutants, ou en tout cas de 4 d’entre eux… Rahne Sinclair (Wolfsbane / Felina), Tabitha Smith (Boom Boom), Roberto DaCosta (Sunspot / Solar) et Warlock, tous plus ou moins touchés ou victimes de la télévision.
Warlock est montré comme vrai télévore à regarder tout ce qu’il est possible de regarder, via les myriades d’écrans à sa disposition. Tandis que Rahne est dépassée par ses émotions, de ne pouvoir intervenir contre la misère du monde tel que montré par la Télé. Comment elle, et ses amis, vivants dans l’opulence de Westchester, pourraient combattre la misère et la mort ?
Sur ce Tabitha arrive et essaie de relativiser les informations , en parlant de Yin et de Yang, et de différence de Classe (Nous sommes riches, bourgeois, des Mutants Bobos, vivants du plastique de nos cartes de crédits ) et de cynisme (il faut rester Zen, embrasse les paradoxes, vie dans l’Hypocrisie ... )
Le discours cynique de Boom Boom ne suffit pas à calmer Rahne qui part en Forêt se ressourcer.. mais l’eau de la rivière est polluée, Tabitha la rejoint et lui fait comprendre qu’à elle deux, elle ne pourront rien y changer, tandis que dans l’ombre une bande de jeunes les a observé, et décide de nettoyer la rivière.



Warlock toujours en recherche de plus d’expériences médias, de plus de violence des images détecte un nouveau signal de transmission qu’il ne connaît pas. En essayant de le capter, il dérange Roberto qui se repose, et rapatrie un Vidiot rebelle d’une dimension voisine.
Cette dimension est sous le joug de la Megalarpoly*, et le Vidiot cherche de l’aide, pour mettre fin à cette dictature.
A peine arrivés, Rahne est relookée par une animatrice de Télé-Achat et disparaît (Elle m’a rendue si belle).
Retour sur terre ou la bande de jeune fait un Sit-in assis au milieu de la rivière… Mookie, leur chef , explique qu’ils vont restés assis dans la rivière jusqu’à ce qu’une chaîne de télévision trouve leur action interpellante et assez sensationnelle pour en parler. Et quoi de plus visible que de se dessiner des boutons verts Fluo sur le corps ?



Nos trois mutants voyagent en megalarpoly et arrivent dans une « décharge » musée (ou le Vidiot nous explique la fabrique du consentement et lance une pique à Ruppert Murdock, et se joue des médias influencés sous Reagan)
La bande de jeunes dans la rivière est repéré par un passant… Tandis que nos mutants suivent la route marron boueuse (Muddy Brown Road -Yellow Brick Road) placée sous le signe du Dollar (gravé = Arracher et Voler) , pour arriver au tiers monde de megalarpoly, en même temps que le Siamois Oncle Sam – Ours de Moscou, surnommé M.A.D (Destruction Mutuelle Assurée), puis les voila au portes de Megalopolis… qui est à la fois une banque, une usine, un entrepôt, un silo de missile … tandis que la télévision s’intéresse à Mookie, et ses ami-e-s, qui dénonce l’usine voisine comme source de la pollution.



Alors que les mutants vont affronter le pouvoir, construit sur du vent, du média contrôlant Megalopolis, les passages télé du reportage sur la rivière vont pousser l’usine à faire amende honorable et nettoyer la rivière.
La bande à Mookie en noir et blanc depuis le début de l ‘histoire reprend des couleurs avec le nettoyage de la rivière et le retour des Nouveaux mutants.


Nocenti évite l’écueil du prêchi-prêcha, en montrant que le média n’est que ce que l’on veut en faire et comment on l’utilise… bien que je trouve la résolution de la rivière bien utopique et légère. Le seul point que les esprits chagrins pourraient critiquer est le traitement un peu binaire des 4 mutants.

Cet épisode long de 68 pages et 4 pin-ups est une excellent lecture, ou Nocenti va plus loin dans son discours que ce qu’elle a put faire dans Daredevil, mais surtout le dessin de Blevins est réellement superbe, il s’encre lui même , et on évite les écueils de l’encrage de Terry Austin qui ne lui convient pas , ou de celui de Al Williamson qui aurait rendu cet épisode trop noir.


En tout cas, cet épisode est très en adéquation avec l’époque dans laquelle on vit… il a pourtant été publié il y a 30 ans !!

Si vous tombez dessus dans une boutique VO, achetez le, car il n’est pas coté (et donc ne coûte pas cher) ce sera un excellent investissement.


*Le scénario étant de Nocenti, je ne peux croire qu’il y ai erreurs sur le choix des mots.. dans le Titre nous avons la Megalopolis (la PLUS grande , énorme, ville) ;, et le monde s’appelle Mega Lar Poly (énorme, énorme, énorme, ou foule, foule, foule)


Ann Nocenti nous montre les 2 façons d’utiliser la télé, de façon sûrement un peu utopique, pour le bon Coté, et le mauvais coté est celui dont parlait déjà Guy Debord, dans « La société du Spectacle », mais surtout elle remercie Ben Bagdikian, Noam Shomsky, Marshal McLuhan, Mark Hertsgaard et Walter Lippman … qui tous ont parlé de l’utilisation des médias et de la « Fabrique du consentement » (terme inventé par Lippman), et de l’information à but de propagande, et les intimidations politique à l’encontre des médias (Hertsgaard sous la présidence de Reagan)



Bonne lecture à tou-te-s

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